L’Hôtel Fairmont Rabat-Salé a accueilli, aujourd’hui, un workshop de haut niveau organisé par le Cluster Green H2 en partenariat avec Energy Pool. Ce rendez-vous a réuni une diversité d’acteurs nationaux et internationaux, publics et privés, autour d’un thème central : la flexibilité de la demande appliquée aux actifs hydrogène. Objectif : identifier les leviers nécessaires pour structurer une filière hydrogène verte compétitive, intégrée et capable de s’adapter aux enjeux énergétiques de demain.
La flexibilité au cœur de la compétitivité
Alors que les énergies renouvelables occupent une place croissante dans les mix énergétiques, leur intermittence soulève de nouveaux défis. Face à une production solaire ou éolienne fluctuante, il devient essentiel de moduler la consommation. C’est tout l’enjeu de la flexibilité, un concept désormais central dans l’équation énergétique.
Les experts d’Energy Pool, entreprise spécialisée dans la gestion de l’équilibre offre-demande, ont souligné l’importance de cette approche. Selon eux, l’hydrogène n’est pas une source d’énergie, mais un vecteur permettant de stocker et de synchroniser la production renouvelable avec les besoins industriels. Les électrolyseurs, désormais plus souples, pourraient ainsi jouer un rôle actif dans la stabilisation des réseaux électriques.
Le Maroc, un terreau fertile pour l’hydrogène vert
Le Royaume bénéficie d’un potentiel énergétique renouvelable exceptionnel. Soleil, vent, foncier disponible, proximité des marchés européens : tous les ingrédients sont réunis pour développer une industrie hydrogène verte compétitive. D’après les estimations évoquées lors du workshop, la flexibilité permettrait de réduire jusqu’à 23 % le coût de production de l’hydrogène, le rapprochant ainsi du seuil de rentabilité de 2,5 euros/kg.
Des projets d’envergure sont déjà en cours, notamment ceux portés par l’OCP via Innovert, qui prévoit la production de 3 millions de tonnes d’ammoniac vert à l’horizon 2030. D’autres initiatives, comme le projet Jorf ou les plateformes expérimentales de stockage, traduisent cette volonté d’accélérer l’industrialisation de la filière.
Une stratégie nationale en marche
Mme Firdaous El Ghazi, directrice au sein de Mazen, a rappelé que l’offre marocaine en hydrogène vert repose sur une gouvernance interinstitutionnelle forte et une logique de filière complète, de la production d’énergie verte à la conversion de la molécule et à son export. Six investisseurs internationaux sont déjà engagés dans ce cadre, avec des premières mises en service prévues entre 2030 et 2031.
La question de la flexibilité est aussi abordée du point de vue réglementaire. L’ONEE a indiqué travailler sur des mécanismes pour intégrer la flexibilité de la demande dans la planification du réseau électrique national. Un effort de coordination est engagé entre les acteurs de l’électricité, de l’eau, de l’industrie et des ports.
Ports, stockage, réglementation : des maillons à renforcer
Du côté des infrastructures, l’Agence nationale des ports a présenté ses projets de modernisation, notamment dans les ports de Jorf Lasfar, Mohammedia, Tanger Med et le futur port Dakhla Atlantique. Une étude en cours avec la Banque mondiale étudie la faisabilité d’un pipeline reliant les lieux de production aux hubs d’export, renforçant la dimension logistique de la filière.
Pour les intervenants, la réussite du pari hydrogène au Maroc passera par une vision claire, une planification énergétique rigoureuse et une implication forte des opérateurs. La flexibilité, en tant que levier technique et économique, devra être intégrée à toutes les étapes de la chaîne de valeur.
Vers une souveraineté énergétique durable
En misant sur l’hydrogène vert et sa flexibilité, le Maroc entend non seulement renforcer sa souveraineté énergétique, mais aussi se positionner comme un acteur clé de la transition énergétique mondiale. Le workshop a permis de consolider cette ambition partagée, en plaçant la convergence entre innovation, compétitivité et durabilité au cœur du modèle marocain.