Les Assises nationales de l’Intelligence Artificielle, tenues à Rabat sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, marquent une étape décisive dans la réflexion stratégique sur l’avenir numérique du Royaume. Pour Redouane El Haloui, Président de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring, l’enjeu dépasse le cadre technologique : l’intelligence artificielle constitue une révolution humaine majeure, qui doit s’inscrire en cohérence avec la vision royale et la stratégie digitale nationale.
« L’IA représente une rupture comparable à l’arrivée de l’électricité. Elle transforme profondément notre quotidien et requiert une mobilisation collective autour d’une gouvernance claire, agile et responsable », affirme M. El Haloui.
Une complémentarité entre IA et Digital Morocco 2030
Le Président de l’APEBI rappelle que le Maroc s’est doté en septembre 2024 de Digital Morocco 2030, une stratégie ambitieuse articulée autour de piliers fondamentaux : infrastructures, cloud souverain, export digital, formation et transformation sectorielle.
Dans ce contexte, la future stratégie nationale de l’IA, annoncée lors des Assises, ne doit pas être envisagée comme un substitut mais comme un accélérateur stratégique. « L’IA est appelée à renforcer notre trajectoire numérique, à condition d’être intégrée intelligemment à l’existant », soutient-il.
L’IA, outil puissant mais faillible
Redouane El Haloui met en garde contre une idéalisation excessive de l’intelligence artificielle, soulignant que les systèmes actuels peuvent se tromper, inventer des réponses ou renforcer des biais cognitifs.
« L’IA n’est pas une vérité absolue. Elle peut ‘halluciner’, chercher à ‘faire plaisir’ à l’utilisateur, et ainsi alimenter la désinformation. Elle doit donc rester un outil au service de l’humain, jamais l’inverse », prévient-il.
Cette dualité — entre l’IA outil technologique et l’IA impactant la société et les valeurs humaines — exige, selon lui, un accompagnement éthique, inclusif et humain à chaque étape de son déploiement.
Gouvernance, écoute et engagement collectif
Saluant la démarche d’ouverture prônée par la ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, M. El Haloui regrette toutefois que l’APEBI n’ait pas été associée aux préparatifs en amont. Il assure cependant la pleine mobilisation de la fédération pour la suite des travaux et pour accompagner la concrétisation des chantiers structurants annoncés.
Enfin, il rappelle que le Comité national pour le développement numérique, prévu dans le cadre de Digital Morocco 2030, est censé jouer un rôle central dans le pilotage de cette dynamique.
« Notre mission reste inchangée : servir un Maroc plus souverain, plus fort, plus ouvert et profondément humain », conclut-il.