Face aux bouleversements technologiques qui redessinent les équilibres mondiaux, le Maroc entend prendre sa part et tracer sa propre voie. C’est le message fort qu’a livré le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, à l’ouverture des premières Assises nationales de l’intelligence artificielle, organisées à Rabat sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Loin des discours techniques ou convenus, l’intervention d’Aziz Akhannouch s’est voulue politique, stratégique et résolument tournée vers l’avenir.
Selon lui, l’intelligence artificielle n’est pas qu’un outil de modernisation. Elle est désormais un enjeu de souveraineté à part entière, qui oblige les nations à repenser leur modèle de développement, leur gouvernance et leur positionnement géopolitique. Pour le Maroc, il ne s’agit plus de suivre la cadence mondiale, mais de prendre de l’avance, en structurant une stratégie nationale éthique, inclusive et ambitieuse.
Le Chef du Gouvernement a rappelé les efforts engagés par le Royaume à travers la stratégie « Maroc numérique 2030 », dotée d’une enveloppe de 11 milliards de dirhams. L’objectif est clair : transformer l’économie, créer 240 000 emplois à l’horizon 2030, et former 100 000 jeunes aux métiers du numérique. Mais au-delà des chiffres, c’est une dynamique d’ensemble qu’il s’agit d’enclencher, en mobilisant les talents, en accompagnant les entreprises et en adaptant l’école aux exigences du XXIe siècle.
Aziz Akhannouch a également souligné les impacts déjà visibles de l’IA dans des secteurs comme la santé, l’agriculture et l’éducation. Elle permet des diagnostics médicaux plus précoces, optimise la gestion des ressources hydriques et offre de nouvelles approches pédagogiques capables de réduire le décrochage scolaire. Pourtant, derrière ces promesses se cachent des paradoxes.
Le Premier ministre a mis en garde contre le risque de fractures : les entreprises qui n’investissent pas dans l’IA pourraient vite être dépassées, alors que, dans le même temps, certaines tâches humaines sont menacées par l’automatisation. Le Maroc ne peut donc pas se permettre de rester spectateur. Il doit faire des choix courageux pour remodeler son marché du travail, encadrer les usages et protéger ses valeurs.
Autre sujet de préoccupation : les dérives possibles d’une technologie puissante mais incontrôlée. L’essor des contenus falsifiés, la manipulation des données et l’opacité de certains algorithmes posent un défi majeur à la démocratie et à la cohésion sociale. Pour y faire face, Aziz Akhannouch a appelé à bâtir un cadre de confiance reposant sur une gouvernance partagée entre État, secteur privé, universités et société civile.
Le cœur du message est limpide : l’IA ne peut pas être laissée à elle-même. Elle nécessite une régulation exigeante, une éthique claire, et surtout une vision collective. Les Assises nationales, a-t-il précisé, doivent justement servir à jeter les bases de cette gouvernance marocaine, à la fois responsable, ouverte et ambitieuse.
le Chef du Gouvernement a lancé un appel à l’unité, à l’action et à l’anticipation. L’intelligence artificielle peut être un levier d’émancipation ou un facteur de dépendance. Le choix revient aux nations. Le Maroc, lui, fait celui du leadership éclairé, au service d’un développement durable, équitable et souverain.