La dette publique mondiale franchit la barre des 100.000 milliards de dollars, alerte la CNUCED

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Le monde s’enfonce dans un océan de dettes. Selon un rapport alarmant publié jeudi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la dette publique mondiale a atteint 102.000 milliards de dollars en 2024, un niveau sans précédent. Plus préoccupant encore : près d’un tiers de cette dette – soit 31.000 milliards – est supporté par les pays en développement, qui peinent à maintenir des services publics essentiels sous le poids des remboursements.

Des dettes qui progressent deux fois plus vite dans le Sud

Intitulé « Un monde de dettes », le rapport montre que depuis 2010, l’endettement des pays en développement a doublé de rythme par rapport à celui des économies avancées. Une tendance qui risque de compromettre, selon la CNUCED, la transition fragile vers un développement durable, à la veille de la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement.

Une spirale dangereuse pour les économies du Sud

Si la dette publique peut être un levier pour financer les infrastructures et améliorer les conditions de vie, elle devient un fardeau quand elle est excessive ou trop coûteuse, rappelle l’agence onusienne. Et la réalité est implacable : en 2023, les pays en développement ont versé 487 milliards de dollars à l’étranger, et pour la moitié d’entre eux, plus de 6,5 % des recettes d’exportation ont servi uniquement à rembourser la dette.

Pire encore, ces mêmes pays ont remboursé 25 milliards de dollars de plus qu’ils n’en ont perçus en nouveaux financements — une perte nette de ressources pour la deuxième année consécutive.

Des taux d’intérêt qui étranglent les finances publiques

La situation s’aggrave en 2024 : les pays en développement ont dû verser 921 milliards de dollars d’intérêts nets, soit 10 % de plus que l’an passé. Un nombre record de 61 pays ont consacré au moins 10 % de leurs recettes publiques uniquement au paiement des intérêts, selon le rapport.

Conséquence directe : 3,4 milliards de personnes vivent aujourd’hui dans des pays où les dépenses en intérêts dépassent celles allouées à la santé ou à l’éducation.

Des inégalités systémiques dans le système financier mondial

Le rapport met également en lumière les disparités structurelles d’accès au financement international. Depuis 2020, les pays en développement empruntent à des taux deux à quatre fois supérieurs à ceux appliqués aux États-Unis. Un déséquilibre qui limite leur capacité à investir dans les priorités sociales, économiques et climatiques.

Un appel à la réforme avant qu’il ne soit trop tard

À l’approche de la Conférence internationale sur le financement du développement, la CNUCED appelle à réformer en profondeur la gouvernance financière mondiale. Parmi ses recommandations :

  • Rendre les institutions plus inclusives.
  • Faciliter l’accès au financement d’urgence.
  • Offrir des financements et une assistance technique plus abordables.
  • Et repenser les mécanismes d’endettement pour ne plus pénaliser les pays les plus vulnérables.

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