L’UNESCO met en lumière, dans un nouveau rapport, l’immense potentiel économique et culturel de l’industrie du livre sur le continent africain. Intitulé « L’industrie du livre en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance », le document estime que ce secteur pourrait générer jusqu’à 18,5 milliards de dollars de revenus, à condition de mettre en œuvre des réformes clés.
L’organisation onusienne appelle à des politiques publiques ambitieuses pour favoriser l’écriture, la publication et la lecture d’œuvres africaines. « Il faut investir pour entraîner le continent dans le sillage de ses grands auteurs et de ses talents », a affirmé Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, soulignant la reconnaissance croissante des écrivains africains sur la scène internationale.
Le rapport rappelle qu’en 2021, des auteurs africains ont remporté les plus prestigieux prix littéraires, notamment le Nobel de littérature attribué à Abdulrazak Gurnah (Tanzanie) et le Goncourt à Mohamed Mbougar Sarr (Sénégal).
Malgré ce dynamisme, le continent reste confronté à de nombreux défis : une librairie pour 116 000 habitants, une bibliothèque pour 189 000, et une industrie du livre encore faiblement représentée au niveau mondial, avec seulement 5,4 % des recettes mondiales de l’édition. En 2023, les importations de livres ont atteint 597 millions de dollars, contre seulement 81 millions à l’export.
Le numérique, avec des plateformes comme Snapplify et Akoobooks, joue un rôle croissant pour dépasser les barrières géographiques et structurelles. Par ailleurs, plus de 270 salons et festivals du livre sont organisés chaque année, soutenus par un réseau de plus de 200 associations professionnelles à travers l’Afrique.
L’UNESCO a activement soutenu ce mouvement, en désignant notamment Conakry, Accra et prochainement Rabat comme Capitales mondiales du livre. Ces programmes ont contribué à renforcer les politiques de lecture, à structurer les écosystèmes de l’édition et à élargir l’accès aux livres.
Le rapport recommande trois actions majeures aux gouvernements : renforcer les cadres juridiques et institutionnels, bâtir un marché intérieur solide, et élargir l’accès à la lecture. Aujourd’hui, 90 % des pays africains ne disposent pas encore de législation spécifique pour soutenir durablement l’industrie du livre.