Face aux tensions commerciales et aux exigences environnementales croissantes, l’industrie textile marocaine s’adapte et accélère sa mutation. Portée par l’AMITH, la profession multiplie les actions concrètes pour renforcer l’attractivité du « Made in Morocco », développer de nouveaux partenariats à l’international et engager une transition vers une production plus compétitive, traçable et durable.
Deux temps forts ont marqué le mois de juin 2025 : d’un côté, la rencontre stratégique avec le CEO de Hugo Boss à Metzingen, de l’autre, la 6e session de la commission mixte maroco-turque à Ankara. Ces échanges illustrent une volonté claire : défendre les intérêts de l’industrie textile marocaine tout en consolidant des partenariats à haute valeur ajoutée.
Avec Hugo Boss, l’ambition est de renforcer les liens industriels, en mettant en avant la qualité, la traçabilité et la performance des unités marocaines, notamment sur la gamme Homme. Du côté de la coopération turque, l’enjeu est de rééquilibrer un partenariat commercial souvent critiqué. Le Maroc souhaite élargir ses exportations, réviser les protections tarifaires et encourager le sourcing local par les marques turques présentes sur son territoire.
Textile et décarbonation : une transition déjà en marche
Face aux nouvelles exigences européennes, notamment avec l’entrée en vigueur du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF), le secteur se mobilise. Lors de la conférence coorganisée par Attijariwafa Bank et la BEI, l’AMITH a réaffirmé l’urgence de la transition énergétique.
Des cas concrets montrent que cette mutation est à la fois possible et rentable. À Fès, une entreprise de finition textile a ainsi investi dans des chaudières à biomasse, avec un retour sur investissement en moins de trois ans. À Casablanca, une unité de tricotage a réduit sa facture énergétique de 32 % grâce à la récupération de chaleur.
Compétitivité et innovation : l’écosystème se structure
La transformation industrielle passe également par la digitalisation et la montée en compétence. Le séminaire organisé à Tanger par le CTTH et Garment IO a mis en lumière l’apport de l’intelligence artificielle, des objets connectés et des systèmes de traçabilité dans l’optimisation des processus industriels.
De son côté, l’ESITH (École supérieure des industries du textile et de l’habillement) a déployé un Système d’Excellence structuré autour de cinq piliers : digitalisation, lean management, qualité, pilotage par les coûts, et leadership managérial. Un dispositif salué par les industriels partenaires, qui y voient un levier concret d’amélioration de la productivité et de la gouvernance.
Made in Morocco : un label à défendre et à faire rayonner
L’édition 2025 du programme Révélations du Collège LaSalle Maroc a donné l’occasion de réaffirmer l’importance du « Made in Morocco ». En présence de plusieurs personnalités, le président de l’AMITH, Anass El Ansari, a rappelé que ce label ne saurait être galvaudé. Il incarne un choix stratégique fondé sur le savoir-faire local, la créativité des jeunes talents et la résilience industrielle.
Internationalisation : la conquête de nouveaux marchés continue
La mission B2B organisée en Turquie, réunissant 12 entreprises marocaines et de grands acheteurs turcs, a illustré la compétitivité de l’offre textile marocaine sur les marchés régionaux. Plus de 120 rendez-vous qualifiés ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives d’affaires, confirmant l’attractivité du Maroc comme plateforme textile fiable et réactive.
Une industrie textile à la croisée des chemins
Le secteur textile marocain n’échappe pas aux tensions globales. Mais à travers des partenariats renforcés, une montée en compétence généralisée et un engagement fort en faveur de la durabilité, il pose les bases d’un nouveau modèle industriel. L’AMITH entend jouer un rôle central dans cette recomposition, avec une vision : faire du textile marocain un acteur stratégique régional, agile, sobre, et fièrement ancré dans l’excellence locale.
